Je soussigné…
Je m’appelle Ze Jam Afane André. Je suis né au Sud Cameroun, à la dixième récolte d’arachides après le départ des Français.
Je suis le quatrième fils de Jam Afane René, Camerounais de la première heure, auteur des paroles du Chant du Ralliement, devenu hymne national du Cameroun, serment épique et chant révolutionnaire, par lequel les jeunesses camerounaises, moniteurs indigènes du début du siècle dernier, ont fait échec au projet colonial, par l’école et par le maquis, en donnant jusqu’à leur sang, pour sortir de la sauvage barbarie, qu’on portait jusqu’alors comme une accusation.
Ma mère, Atangane Marie, m’a initié au christianisme syncrétique des Beti du Sud Cameroun. Elle, l’orpheline qui a vu en la Vierge Marie, un modèle de douceur et de dignité, pour la jeune femme africaine qu’elle était.
Je suis le fruit de l’école sous l’arbre de mes deux géniteurs, et je n’ai jamais trouvé à redire, quant aux idéaux qu’ils ont proposé à mon art d’imitation.
Le génie poétique a pris possession de mon être, à l ‘écoute des chantefables de ma tendre enfance, j’ai été très tôt le jeune ami des vieillards, auprès desquels je me suis émerveillé, des mystères, des misères, des souffrances et de la mort du genre humain. Auprès d’eux, j’ai appris l’équilibre et la patience, conjuguant au jour le jour le verbe attendre, à la première personne du présent de l’indicatif : j’attends, j’attends, j’attends.
J’attends le dénouement, de ce voyage mystérieux qu’est la vie, avec une simple conviction et cette règle de vie :
« J’aime les humains, les humains m’aiment. »
Aussi, je n’irai pas à la confession avec les péchés des autres.
Je sais que nous sommes, les honorables héritiers des luttes héroïques, pour l’Indépendance des Noirs d’Afrique ; sauvages d’hier, sous-développés d’aujourd’hui, hommes libres de demain.
« Un héritage dégradé dégrade ses héritiers. »
C’est pour cela que, jaloux de notre liberté retrouvée, nous l’entretenons dans le jardin, des cultures vivrières et ouvrières, et dans le « poto-poto de la construction nationale ».
Que de macabos !
Que de maniocs !
Que d’ignames !
Que d’arachides !
Que de maïs !
Que de mil !
Que de cacao !
Que de café !
Que de bois !
Et nous disons qu’avant d’être bons, nous nous exerçons à être forts avant tout, forts quand l’heure sonnera de défendre l’Homme, d’honorer le rang des hommes.
Nous affirmons que :
« La langue du poème est un serment
Qui honore les hommes et leurs tourments »
Nous certifions que:
« Toutes les poussières du monde
Ont des liens de parenté
Nécessaires à la remontée
Des généalogies secrètes qui nous lient au monde »